Pour que l’alimentation reste un plaisir
- Présentation
La maladie d’Alzheimer est une maladie neuro-dégénérative qui retentit sur le comportement alimentaire des patients, ce qui aura un impact important sur la qualité de vie et la longévité des malades. Parallèlement aux signes cliniques fréquents de la maladie, la perte involontaire de poids est très souvent oubliée. Cependant, c’est une complication très fréquente à tous les stades de la maladie.
Les conséquences directes de cette dénutrition sont les infections, la sarcopénie, chute, fracture, escarre…
La prise en charge nutritionnelle doit donc être adaptée aux différents stades d’évolution de la maladie et aux habitudes de vie du malade. Ceci pourrait limiter la perte de poids et réduire les risques de dénutrition. On recherchera donc une alimentation équilibrée aussi bien quantativement que qualitativement.
Les besoins nutritionnels ne diminuent pas avec l’âge. Selon les apports nutritionnels conseillés, les malades devraient consommer 30 kilocalories/kg de poids/jour soit environ 2000 kilocalories pour une personne de 65 kg. Sachant que le seuil minimum est de 1500 kilocalories par jour.
Il est donc possible d’avoir recourt à une complémentation nutritionnelle orale afin d’éviter l’utilisation de la nutrition entérale et d’entrer dans la spirale de la dénutrition.
Les compléments nutritionnels oraux se consomment en plusieurs prises alimentaires réparties dans la journée à distance des repas (ex : 10h, 16h ou 22h). Les horaires des prises alimentaires doivent être adaptés en fonction du rythme de la vie du patient. Mais d’ordinaire, il convient de les consommer au moins deux heures avant ou après les repas. En aucun cas, les compléments nutritionnels oraux ne doivent remplacer l’alimentation habituelle du patient. Ainsi, il est très important d’encourager le patient à bien manger au moment des repas et à fractionner les prises alimentaires.
2. Les compléments nutritionnels oraux
Les compléments nutritionnels oraux (CNO) sont des mélanges à base de protéines, prêts à l’emploi, prescrits par un médecin à des fins médicales pour augmenter l’apport énergétique et protidiques des patients dénutris. Leur indication est donc définie par le médecin traitant, après une évaluation nutritionnelle exhaustive.
Il en existe différents types : CNO hyperprotiques (> 7g/ 100ml) et/ou hypercaloriques (> 1.5 kcal/ml), CNO diabétique (édulcoré avec index glycémique bas) CNO sans lactose et sans gluten.
Les CNO existent sous différentes formes et textures :
a. Les boissons liquides lactées
Pour 200 ml, 200 à 400 kcalories et 7 à 20 gr de protéines.
Exemple : Ressource, Rénutryl, Clinutren 1.5, Fortimel Extra, Polydiet, Proten Plus…
b. Les boissons aux fruits
Pour 200 ml, 250 à 300 kcalories et 7 à 8 gr de protéines.
Exemple : Ressource fruits Protein, Clinutren fruits, Fortijuice, Polydiet fruits, Provide Xtra…
c. Les potages
Pour 200 à 250 ml, 200 à 300 kcalories et 10 à 15 gr de protéines.
Exemple : Clinutren 1.5 soup, Ressource soupe, Veloudiet…
d. Les mixés
Pour 250 à 300 gr, 300 à 450 kcalories et 14 à 30 gr de protéines.
Exemple : Clinutren Mix, Menus Energy, Florimix…
e. Les Crèmes
Pots de 125 gr, 150 à 200 kcalories et 11 à 12 gr de proteines.
Exemple : Ressource crème, Clinutren dessert, Forticreme, Floridine, Delical…
f. Les poudres de protéines
Elles contiennent 85 à 90% de proteines.
Lors de la préparation, bien respecter les doses indiquées pour ne pas modifier le goût de la préparation.
Exemple : Ressource instant protein, Protifar plus, SP 35, calciproteine,Clinutren thickenup clear…
3. Comment servir les repas
Les repas doivent être pris dans une ambiance calme. Limitez toutes sources de distractions (radio, télé…) et ne laissez que le minimum sur la table pour que la personne se concentre sur son assiette.
Ne pas laisser un patient prendre son repas seul et donnez lui le temps qu’il faut pour finir son repas. Servez les types d’aliment un par un (la personne peut ne pas être capable de décider ce qu’elle doit manger dans son assiette).Essayer de s’adapter aux goûts de la personne car ils peuvent changer au fur et à mesure de la progression de la maladie. Ainsi n’hésitez pas à ajouter du beurre et/ou de l’huile, des herbes et des épices pour donner du goût aux préparations.
Vérifier la température des plats et faire en sorte que les aliments soient faciles à mastiquer. Il sera donc nécessaire de modifier les textures les aliments : petits morceaux, moulinés, mixés voire liquides. En cas de fausses routes, il sera indiqué d’épaissir les liquides : épaississants trouvés en pharmacie : Magic mix, épailiss, clinutren, gumilk, gelopectose… .
Technique d’épaississement avec de la gélatine du commerce : 25 gr de gélatine en feuille pour 1 L d’eau. Faites tremper les feuilles de gélatines, les égoutter, les incorporer dans l’eau chaude, aromatisée (sirop, jus de fruit, extrait de vanille…) répartir en portion individuelle et conserver au réfrigérateur 48 h maximum.
Parler des compléments nutritionnels oraux comme des médicaments faisant parti du traitement. Il y a souvent une meilleure acceptation du patient qui est accentuée en le faisant participer aux choix des textures, des arômes et des horaires des prises.
4. Ration type 1800-2000 kilocalories
Matin : Boisson nature
60gr de pain + 10 gr de beurre + 1 à 2 càc de confiture
1 fruit ou une compote SSA ou 150 ml de jus de fruit 100 % pur jus SSA.
1 laitage
Midi :
120 gr de viande ou 150 gr de poisson ou 2 œufs
150 gr de féculents cuits
150 à 200 gr de légumes
1 fruit
1 laitage
16 h :
40 gr de pain
30 gr de fromage
Soir :
60 gr de viande ou 80 gr de poisson ou 1 œuf
150 à 200 gr de légumes
100 gr de féculents cuits
1 laitage
En cuisson et en assaisonnement : 3 càs d’huile par jour.
Ainsi, en fonction des intestats du patients, on pourra introduire les compléments nutritionnels oraux sur prescription du médecin, de préférence en dehors des repas. Mais ils peuvent être également donnés si le patient ne mange pas ses repas principaux
(Je propose de donner des exemples d’introduction des CNO en fonction des exemples qui seront donnés par les aidants. Par exemple, le patient a du mal à consommer viande et poisson, on optera donc pour les crèmes HP ou les boissons lactés les plus riches en protéines en dehors des repas ou les potages et les mixés pendant les repas le cas échéant.).
Merci pour ce compte-rendu à bientôt Dominique Fournier